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OCEANIK - le blog canaulais
2 juin 2007

N'OUBLIONS RIEN DE CE QUE NOUS SOMMES !

N'OUBLIONS RIEN DE CE QUE NOUS SOMMES !

Montesquieu (1689 - 1755)

Montesquieu est né en 1689 près de Bordeaux ; il effectue ses humanités chez les oratoriens de Juilly, dispose de liens avec la classe parlementaire et d'attaches nobiliaires et terriennes. Son milieu intellectuel est parisien où il fréquente Fontenelle. Son sentiment nobiliaire, le préjugé des rangs liés à une dynamique de l'honneur le conduisent à rejoindre une forme de morale stoïcienne. La défense des parlements comme pouvoirs intermédiaires, l'acceptation de la vénalité des charges tiennent à sa vision d'une monarchie modérée. Il a une réputation de libre et bel esprit qui font de lui plus un citoyen qu'un sujet. Sa préoccupation principale concerne l'Etat légitime où les lois s'exercent autrement que comme puissance. Qu'est-ce qui peut fonder le recours à des lois générales.

Destins des « Lettres persanes »

Les Lettres persanes constituent une satire sociale dans laquelle il attaque les pouvoirs constitués, les hiérarchies sociales « naturelles » et les libertés essentielles. Il oscille entre les horreurs de l'ordre et la crainte du désordre.

La maturation intellectuelle d'un homme de mêlée

Entre 1721 et 1734, Montesquieu exerce la charge de président à mortier du Parlement de Bordeaux ; il est élu à l'Académie française et écrit un Traité des devoirs comprenant un chapitre important (De la politique) dans lequel il est assez proche des théories de Pufendorf.
Entre avril 1728 et avril 1731, il effectue un tour d'Europe qui lui permettra de disposer de données récentes et concrètes sur le gouvernement des hommes.

Le monde moral et le monde physique : intelligence de l'histoire.

Il publie les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734). C'est l'analyse d'un cycle complet de devenir historique débouchant sur une interprétation de l'énigme qu'est la chute d'une civilisation devant les barbares. Il montre que les divisions au sein d'une République sont consubstantielles à sa force et à la liberté.
Dans l'Esprit des Lois, il entreprend d'éclaircir le lien de causalité générales et particulières, ce qui détermine l'esprit, l'humeur, les moeurs des hommes, individuellement et collectivement, à l'intérieur d'une société qui est à la fois naturelle, historique et politique. Il s'efforce de montrer comment se créent les identités nationales et politiques.

Réalisation et sens du grand œuvre : « De l'esprit des lois » 1748

L'écrivain politique se réalise dans l'Esprit des Lois qu'il écrit entre 1741 et 1743 avant de le publier en 1748.
La loi est le rapport nécessaire dérivant de la nature des choses, contestées aussi bien par les tenants de la « loi-commandement », philosophes et juristes, que par les empiristes comme Hume. Montesquieu situe sa recherche sur :

  • la minimalité du recours au droit naturel à concilier avec la supposition inéluctable de rapports d'équité fondamentaux ;
  • l'écart décisif pour mettre de côté les questions classiques de sociabilité naturelle et du contractualisme.

Mais en même temps que la question des rapports émergent deux problèmes :

  • celui de la totalité réelle que constitue une société civile (organisée politiquement), du lien entre le politique et le civil qui peuvent rester principalement distincts (réunion des volontés, réunion des forces) ;
  • celui de la rationalité à travers l'étude d'une série de « générations de lois » car « la loi est la raison humaine en tant qu'elle éclaire tous les peuples de la terre ».

Il pose la question du contenu réel de ce que l'on appelle gouvernement, du rapport de ce contenu avec sa forme (sa nature) et son principe (les passions sociales qui le font mouvoir) et le rapport de cet ensemble avec sa condition extrapolitique.
La dialectique nature/principe se double d'une distinction entre gouvernements non modérés et gouvernements modérés, où l'hétérogénéité des forces sociales et des constituants du corps politique s'oppose à l'uniformité d'un pouvoir fondé sur la force. Cette distinction lui permet d'introduire une double théorie de la liberté politique (du point de vue des organes de la puissance sociale) et civile (du point de vue de la sûreté des citoyens).
Pour Montesquieu, la véritable servitude se situe là où l'on confond dans une même contrainte les trois relations de l'individu à la collectivité : les lois, les moeurs et les manières. Il n'existe pas de garantie structurelle absolue de la liberté politique.
La citoyenneté moderne dans une cité est là où « la loi civile regarde chaque particulier comme toute la cité même » et où « la liberté de chaque citoyen est une partie de la liberté publique ». Les principaux conflits proviennent de ce que chacun fait de ses intérêts propres l'intérêt commun alors qu'il faut que « chacun aille au bien commun en croyant aller à ses intérêts particuliers ». Or le législateur est pris entre la nécessité d'édicter des maximes générales, les contraintes qui ne relèvent pas des lois et les niveaux différents de la légalité et de la légitimité ; il doit se montrer à la fois utopique et universel, contre les idées d'uniformité qui frappent les petits esprits.
Les systèmes juridiques doivent être fondés sur l'évolution de la société et des moeurs.

Sens d'une œuvre, sens d'une vie, sens d'un legs.

Montesquieu a tenté d'interpréter sa rhétorique en rapport avec les réalités des Etats actuels et des républiques démocratiques ; il inspirera Tocqueville. Montesquieu fournit un modèle pour la concorde du savant et du politique ; il pose la question du savoir politique : c'est un savoir qui doit impérativement garder une forme d'universalité, sans être hanté par le fantasme ruineux de sa toute puissance, un savoir du particulier qui ne débouche pas sur la sacralisation d'une histoire figée, réelle ou mythique et qui est sollicité à la fois par la limite impossible de l'Etat dans le citoyen (démocratie antique) et le refus organisé de cette transformation du pouvoir en puissance pure qu'est le despotisme parce que tout pouvoir est porté à une extension de ses attributions. La séparation des pouvoirs devient une nécessité.

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